#RadioLondres fera-t-elle changer le code électoral ?

Le premier tour de l’élection présidentielle a été marqué par un fait nouveau : la large divulgation des résultats avant 20h. Les estimations des instituts de sondage ont en effet fuité via les réseaux sociaux et les sites d’information étrangers. De quoi faire changer la loi ?

Dimanche 22 avril à 18h40. Le quotidien belge Le Soir envoie cette information sur Twitter : « Hollande obtiendrait un score entre 27 et 29% ». Bien que le compte ne soit suivi que par quelques dizaines de milliers de personnes, le message circule. Les internautes français ont en effet pris d’assaut les sites des médias francophones étrangers. Exemple : à la même heure, 85% des visiteurs du site lesoir.be viennent de France.

Sur les réseaux sociaux, ce qui n’est encore qu’une estimation se diffuse. Des utilisateurs de Twitter postent leurs messages de manière codée, utilisant le hastag #radiolondres : « La météo indique 16° à Nuremberg » comprendre : Marine Le Pen estimée à 16%. Leur idée est de « contourner l’interdiction de diffuser les tendances fournies par les instituts de sondage » avant 20h comme l’explique Erwann Gaucher, journaliste spécialiste des médias sociaux.

Que dit la loi ?
Le code électoral prévoie en effet dans son article L. 52-2 qu’ « aucun résultat d’élection, partiel ou définitif, ne peut être communiqué au public (…), avant la fermeture du dernier bureau de vote » c’est à dire 20h. Maitre Éolas, avocat et bloggeur, précise sur son site que cette interdiction est aussi valable pour les messages codés. La Commission de contrôle de la campagne électorale a ainsi relevé que « des estimations de résultats avaient été diffusées avant 20 heures » sur les réseaux sociaux.

Pourtant le Point précise sur son site Internet, que « les tweets détournés (…) échappent aux poursuites ». Des médias étrangers auraient eux fait l’objet d’une plainte. Ils ne tombent pourtant pas sous le coup de la loi pour Maître Éolas car ils n’agissent pas sur le territoire français. Il semble donc y avoir contradiction entre la règle et son application. L’esprit reste cependant le même : ne pas influencer les électeurs qui n’ont pas encore voté à 19h.

Quelles solutions ?
Cette année, les estimations des instituts étaient basée sur des bureaux tests, qui ferment à 18h. Pour éviter ce problème, la Commission de contrôle a proposé de fermer tous les bureaux à 20h. Une demande refusée par le gouvernement. L’avocat/bloggueur estime aussi que ce n’est pas la solution car « les instituts feraient des sondages « sortie des urnes » ». Erwann Gaucher propose une solution plus radicale : « imposer un silence absolu avant 20h aux 9 instituts de sondages ».

Comme l’explique le journaliste, « les nouveaux outils » comme les réseaux sociaux et les smartphones « rendent incontrôlables » les fuites qui « proviennent des instituts de sondage ». La solution serait donc de couper l’information à la source, « quitte à décaler les soirées électorales à 20h30 ». Maître Éolas estime de son côté que « les politiques ne voudront pas attendre ».

Le 2nd tour devrait donc finalement se passer comme le premier, car aucune modification n’aura lieu d’ici là. La question se pose cependant pour les prochaines élections législatives. Les résultats pourraient en effet être faussés, si la Commission estime que les fuites ont influencé le scrutin. A défaut, comme l’explique Erwann Gaucher, « cela a sans doute convaincu un certain nombre de journalistes encore réticents de l’importance des réseaux sociaux… ».

Voir aussi :
Le site du New York Times

La cantine-Rennes

URL: http://www.lacantine-rennes.net
Via un article de La Cantine, publié le 29 avril 2012

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