Contre les excès de la marchandisation de l’édition scientifique

Pour l’accès aux publications scientifiques : plus de 6500 chercheurs appellent au boycott d’Elsevier

L’éditeur de revues scientifiques connu pour ses tarifs commerciaux de plus en plus coûteux pour les universités et centre de recherche se trouve confronté à un vent de révolte des scientifiques.

Elsevier c’est un éditeur néerlandais spécialisé dans les journaux scientifiques qui publie plus de 2 000 journaux différents très présent dans le domaine scientifique. Comme ses homologies Springer ou Macmillan Publishers il cherche le profit maximum et pratique des prix exhorbitants pour les université et centres de recherche sans rapport avec les coûts de production.

En 2009 il a ainsi dégagé 1,1 milliard de dollars de progit net pour un chiffre d’affaires de 3,2 milliards !

Sur son blog le mahématicien Tim Gowers a lancé un appel relayé sur le site "Le cout de la connaissance" http://thecostofknowledge.com/.

Le 19 février plus de 6500 chercheurs ont signé une pétition qui condamne

  • le prix excessif des abonnements
  • la quasi obligation d’acheter de gros bouquets d’abonnements à cause de ces tarifs prohibitifs obligeant les bibliothèques à s’abonner à des revues non nécessaires
  • le soutien aux mesures liberticides (projets de loi US SOPA, PIPA) ou le Research Works Act [1] qui restreignent la liberté d’accès à l’information sur le web.

Ils réclament la possibilité d’un large accès à leur travaux et déclarent ne plus collaborer à aucun journal d’Elsevier tant qu’il n’y aura pas un changement radical de mode opératoire.

Dans un article intitulé "La communauté des chercheurs appelle au boycott d’Elsevier
Occupons Elsevier ?"
le blog Actalitte.com indique

Le mouvement contre la maison s’est enflammé en à peine dix jours. Le 21 janvier, le mathématicien Timothy Gowers de l’université de Cambridge (médaille Fields en 1998) a publié un post sur son blog déclarant qu’il ne travaillerait plus comme éditeur et ne publierait plus aucun papier dans une revue appartenant à Elsevier.

34 mathématiciens ont publié une déclaration intitulée "Le coût de la connaisssance" qui dénonce « un système dans lequel les éditeurs commerciaux réalisent des profits sur le travail bénévole de mathématiciens et des tarifs d’abonnements de leurs bibliothèques de leurs institutions, pour des services devenus largement inutiles ».

Le magazine Pour la science parle lui de La fronde des chercheurs contre Elsevier

Le conflit latent est devenu ouvert depuis que le mathématicien britannique Timothy Gowers (médaille Fields en 1998) a publiquement annoncé, en janvier 2012, qu’il boycottait désormais Elsevier, c’est-à-dire qu’il ne publierait pas chez cet éditeur et qu’il ne serait rapporteur ou membre du comité éditorial pour aucune de ses revues. Il a ainsi mis en place sur Internet une liste où peuvent s’inscrire tous les chercheurs qui, comme lui, refusent de collaborer avec Elsevier

De con côté Linux.org note que

l’éditeur néerlandais a payé des lobbyistes pour essayer de faire passer en décembre dernier le Research Works Act. Cette charmante proposition de loi visait tout simplement à interdire l’accès ouvert aux résultats scientifiques financés par l’état fédéral américain. Il n’est même pas besoin d’ajouter qu’Elsevier était un des soutiens des fameuses propositions SOPA et PIPA visant à réguler le net.

et indique

Cet appel à un poids non négligeable puisque Gowers est un mathématicien très prestigieux (Médaille Fields en 1998). Un site web a été lancé pour permettre aux autres mathématiciens de signer cet engagement : http://thecostofknowledge.com
Au moment de la rédaction de cette dépêche, on trouve les signatures de plus d’une centaine de personnes (dont le médaille Fields Terence Tao). On peut y lire des noms très connus dans la communauté mathématique française (Laurent Berger, Alain Chenciner, Michael Harris, François Loeser, Marie-France Vigneras, Vincent Lafforgue, etc).

[1un projet de loi américain dont certaines clauses visent à interdire le libre accès aux publications scientifiques financées par l’État

Posté le 19 février 2012 par Michel Briand

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